mardi 3 novembre 2009

L'attaque des anges-zombies mangeurs de cerveaux. Chapitre IV: Les oiseaux de proie

Le camion roulait un peu trop vite sur la route 148, d'autant plus qu'il faisait sombre que la neige commençait tranquillement à tomber. Toutefois le chauffeur approchait Montebello et se préparait à ralentir l'allure.

Il détourna le regard de la route pour une seconde histoire d'ajuster sa radio. Il aperçut un mouvement du coin de l'oeil puis, presque simultanément, ressentit l'impact d'un objet sur son camion. Il appuya à fond sur les freins, faisant crisser 18 pneus sur l'asphalte légèrement trempée de neige.

Son coeur battait la chamade. Il prit une grande respiration afin de se calmer. Son regard s'éclarcit. Il vit immédiatement que son pare-brise était étoilé. À partir du haut. Bon, avec un impact à cette hauteur, il avait probablement frappé un gros oiseau ou quelque chose du genre
. Il ne pouvait pas avoir frappé un être humain. Il devrait seulement à faire une réclamation d'assurance et il aurait une histoire à raconter à ses amis. Il ne venait pas de tuer quelqu'un! Il prit une autre grande inspiration et expira lentement. Il enclencha le frein manuel, fouilla un peu pour trouver sa lampe de poche et descendit de sa cabine pour voir l'étendue des dommages.

Dès le début de son inspection sommaire il laissa échapper un petit cri d'étonnement. La grille et le capot étaient intacts, ce qui était compatible avec sa théorie de l'oiseau mais contre toute attente le déflecteur à vent au dessus de sa cabine (que Transport Canada insistait pour appeler "carénage aérodynamique" dans leur documentation) était complètement défoncé. Il commença à inspecter un peu plus en détails

Vu la noirceur ambiante et le fait que son attention était surtout portée sur son véhicule, il ne vit pas le corps brisé étendu dans la neige quelques dizaines de mètres plus loin. Un corps qui, quelques instants plus tôt, traversait la route en volant un peu trop bas. Un corps sans vie, ce qui ne l'empêcha pas de relever la tête et de gémir de façon tout aussi faible que lugubre. Ses jambes étant brisées et inutiles, l'ange-zombie se mit à ramper vers le camion en s'aidant de ses mains et de ses ailes.

Le chauffeur avait grimpé derrière sa cabine pour voir d'un peu plus près ce qui restait de son carénage. Il était déformé, craqué de partout et de l'arrière il pouvait aisément voir des fibres de verre brisées. Quoiqu'il ait frappé, il se comptait chanceux de ne pas l'avoir reçu directement dans son pare-brise. Soudain curieux, il redescendit par terre, pointa le faisceau de sa lampe de poche sur la route et se dirigea vers l'arrière de sa remorque pour essayer de trouver l'objet en question, oiseau ou autre.

L'ange-zombie vit l'homme pointer sa lampe un peu partout en marchant dans sa direction générale. Lorsque la lumière s'arrêta finalement sur lui, l'homme se mit à accélérer et à émettre des sons que l'ange-zombie était presque capable de comprendre. Il se souvenait vaguement avoir déjà maîtrisé la parole. Mais depuis quelques heures, il ne comprenait plus que la faim.

Le chauffeur ne comprit jamais ce qui lui arrivait. Il était en train de courir lorsqu'il sentit qu'il se faisait attraper par le dos puis emporter dans les airs. Puis il se fit mordre à la gorge, et mordre encore. Il eut beau tenter de se débattre, il perdit la vie dévoré vivant alors que
les arbres défilaient toujours sous lui.

Le pathétique monstre aux os brisés étendu sur la route venait de voir un de ses semblables descendre du ciel et ravir sa proie sans même se poser. Il émit un long cri guttural rempli de frustration. Péniblement, il se remit à se traîner vers le camion aux phares toujours allumés.